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Textes




Veilleur de pierre
par Yannick Mercoyrol

Il y a un côté titanesque chez François Weil. Le rire sonore du bonhomme éclate sur un fond de silence comme pour couper les ailes à toute envolée lyrique, pudeur rentrée de celui qui récuse toute tendance au symbole, à l’enfermement dans les cadres trop étriqués que la critique voudrait imposer, dans toute visée claire qui s’apparenterait à un programme de travail. Un rire rétractile, qui est comme l’envers d’une force qui va, comme disait l’un, et soulève les montagnes, comme disait un autre. On ne s’attendait certes pas à trouver un gringalet pour souder le métal, le visser à la pierre, extraire des blocs de plusieurs tonnes, et c’est bien plutôt une sorte d’ogre débonnaire qui vient à notre rencontre, les mains calleuses et le regard pétillant, jouant du burin et du caterpillar plus que de la gouge et de la plume. Et avec ça le rêve poétique d’inverser la pesanteur en légèreté, de mettre en branle ce qui est d’ordinaire immobile… Lire la suite >


Démonstration des monstres
par Jean-Louis Roux

Où il est question, dès le départ, de caillou… Encore que les mythologues soient partagés sur sa généalogie, Bellérophon, selon ce que la version la plus répandue enseigne, était petit-fils de Sisyphe, lequel fut condamné, comme chacun sait, à rouler un rocher pour l’éternité. Bellérophon est passé à la postérité pour diverses prouesses, dont le dressage du cheval ailé Pégase et la mise à mort de la Chimère. Cette Chimère était une créature faramineuse : dotée de trois têtes (la première était une tête de lion, la seconde, entée au ventre, était une tête de chèvre et la troisième, en bout de queue, était une tête de serpent), au surplus elle crachait du feu et semait la désolation sur les côtes d’Asie Mineure. Je prétends que Bellérophon doit compter François Weil au rang de ses descendants : à cause de Sisyphe, bien entendu, et de cette fatalité au maniement des pierres ; à cause de Pégase et de ce domptage de l’apesanteur ; à cause enfin de la Chimère et de sa complexion contre nature. … Lire la suite >


Géologie des rêves
par Jean-Pierre Plundr

« Toutes les pierres sont précieuses » pourrait se dire un géologue un peu contemplatif et désintéressé, car en les étudiant sur le terrain ou au laboratoire, elles nous dévoilent du visible à l’invisible le spectre de leur structure. Chaque pierre porte en soi une trace de l’histoire de notre planète et du cosmos, dans sa morphologie se focalise une évolution qui se déploie sur une échelle temporelle se comptant en milliards d’années. Poser son regard sur les pierres, pour paraphraser Roger Caillois*, c’est frapper à la porte de l’imaginaire du temps, c’est entrer dans le fini et l’infini de la matière. … Lire la suite >


Orogenius
par J.M. Deny

Première journée, où vous serez projeté quelques milliers dannées en arrière.
Un vent frais et revigorant chasse les nuages ; l’air devient limpide et lumineux. Un homme, quasi nu, s’arrête de longues minutes pour goûter l’étonnante sensation de décuplement de son acuité visuelle. Il passe au crible la complexité des lointains et contemple, ravi, la vaste lande d’ajoncs et de bruyères en fleurs ; elle se déroule à ses pieds jusqu’aux glaciers qui brillent là bas, de l’autre coté de la vallée, vers le levant. Il ressent, le temps d’un éclair, l’impression fugace, mais évidente, d’être comme le génie de cette montagne, son orogénie . De nature trop pragmatique pour s’émouvoir d’une telle illumination, il part continuer son ascencion, secoué d’un grand éclat de rire. … Lire la suite >


Weil, l'événement de la pierre
par Zoé Balthus

« Je sais calculer le mouvement des corps pesants, mais pas la folie des foules. » - Isaac Newton C’est une fête d’oscillations subtiles à laquelle le sculpteur François Weil convie et, pour en jouir, il convient d’oser ce toucher immédiat par l’esprit et la chair, qui lui est si familier. D’emblée, ses œuvres intimident en vérité. D’une présence inaccessible, aux silences éloquents, elles expriment à la fois évidence et mystère, force et vulnérabilité, intelligence et sensibilité. … Lire la suite >


Géologie désobéie (Chambord Blues)
par Matthieu Messagier

Les pierres de météores
Hors ils firent Chambord
Reviennent outre siècle allant
Et de leur passé ascendant
Un vide à mémoire de forme
Tient les équilibres à la fièvre sa norme
C’est pour l’écoute des étiages du cincle
Quand tant suit des eaux l’affleurant socle
Et qui vit dans le rapport précieux
D’un gâteau au ton obséquieux
Que l’affairée harmonie batte du minéral
Le montrait au lien le moins orienté de l’astral
La giboulée d’étoiles et en avance
Avait oublié au château un livret dont intense
Par les Hauts ce Chant-ci neuvième d’une érosion
Conduit le velours des bois vers son soi de raison

Matthieu Messagier